Continuer de penser que la donnée est le pétrole du futur risque de nous mener dans une impasse.

IAMUX
3 min readDec 16, 2021

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Où il est question de (re)définir comment considérer la donnée et l’imaginaire qui l’accompagne pour dessiner un futur radieux.

La donnée est-elle le pétrole du futur ?

Cette question, ressassée inlassablement, semble donner à ceux qui y répondent par l’affirmative l’illusion qu’ils auraient compris quelque chose d’essentiel pour le futur. Les industries ou les nations s’étant convaincues de cela se sont engouffrées dans ce que l’on continue de nommer le big data et se vivent comme les pionniers du futur monde numérisé. On ne peut pas les blamer, les algorithmes, dont on nous promet la formidable puissance de transformation et de résolution de problème, par leur fonctionnement, nécessitent toujours plus de données (pour apprendre).

Sous cet angle la donnée est bien le pétrole du futur ! Mais prendre cette affirmation comme point de départ à toute réflexion sur la donnée et la manière dont elle façonnera le futur, risque de nous mener droit dans une impasse.

Considérer que la donnée est le pétrole du futur, c’est affirmer que ce n’est qu’une ressource, un carburant alimentant la machine, mais c’est surtout être ok avec le fait qu’on peut l’extraire sans limite, qu’on est ok avec l’idée de la vendre et d’en faire un business sans forcement se soucier des éventuels dégâts que cela pourrait causer.

Cette approche n’ouvre aucune perspective, elle ferme même toute tentative de discussion, elle nous condamne à conserver le même logiciel. La seule perspective réside ici dans le fait de remplacer une resource par une autre. Le logiciel reste le même, seule la source d’énergie change, plus facile à produire, moins couteuse à extraire, infinie même et donc in fine incroyablement plus rentable. Si la donnée est l’énergie du futur, c’est celle qui permet de maintenir le profit dans un monde dont ce serait la seule finalité.

De fait, les questions naturelles découlant de cela se limitent à débattre pour savoir à qui appartient la donnée afin d’en ré-attribuer le profit à qui de droit. La privacy d’ailleurs sert bien à cela, limiter le fait que ceux qui s’alimentent à cette nouvelle source d’énergie en tirent d’incommensurables profits. Sorte de nouvelle lutte des classes, la privacy aujourd’hui comme le droit du travail hier est l’aiguillon d’une forme de justice sociale consistant à reprendre au capital ( les GAFA aujourd’hui) les énormes profits et les ré-attribuer aux masses laborieuses qui les ont généré (les consommateurs aujourd’hui).

Cette approche n’apporte rien de nouveau et n’exploite en rien l’extraordinaire potentiel de transformation positive que la donnée pourrait représenter pour le monde futur.

La donnée peut littéralement sauver le monde. Les défis planétaires qui sont devant nous, nous rappellent à chaque instant à quel point nous avons besoin de nouvelles armes pour les surmonter et la donnée est certainement l’une de nos plus puissantes.

Partager ses données, un acte citoyen et généreux.

Ainsi, il ne s’agit plus de savoir si la donnée est le pétrole de demain ou non mais de refuser qu’elle le soit. Car en refusant de considérer la data comme une simple ressource, nous changeons le regard que nous portons sur elle et nous ajustons positivement notre comportement et notre compréhension de ce qu’elle est.

Comprendre c’est s’armer pour pouvoir refuser. Pouvoir refuser c’est redonner du sens et de la valeur quand on décide de partager. Ainsi le partage volontaire et choisi de ses données devient un geste noble et un élan de générosité.

Partager ses données devient un geste citoyen permettant d’apporter des solutions aux problèmes collectifs qui sont devant nous et n’est plus cet acte machinal dicté par la force de l’habitude et l’impossibilité de faire différemment.

En garantissant que chacun puisse disposer de la maitrise totale de ses données et en organisant sur cette base la générosité numérique on contribue à construire un model qui redirige les données et leur traitement vers des causes nobles qui le nécessitent.

Ainsi toute tentative de rendre le pouvoir à chacun sur ses données n’est pas seulement une volonté bienveillante, c’est la volonté que la donnée devienne une richesse collective librement mise en commun par des citoyens éclairés.

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